46. De l'ascension de notre Seigneur vers les cieux
Après que notre Rédempteur fut ressuscité du tombeau, et qu'il eut parcouru le monde pendant 40 jours, il apparut dix fois à ses disciples, et mangea et but avec eux au bord de la mer de Tibériade.
Les païens nous disent que si notre Seigneur a réellement mangé et bu après sa résurrection, alors il y aura certainement du manger et du boire après (notre) résurrection; mais s'il n'a pas réellement mangé et bu, alors toutes les actions du Christ ne sont que des fantaisies.
A cela nous répondons que le monde actuel est un monde où l'on a besoin de nourriture; c'est pourquoi il a mangé et bu, afin que l'on ne pense pas qu'il était un fantôme; et aussi, que de nombreux ressuscités en ce monde ont mangé et bu jusqu'à leur départ et à leur décès, comme, par exemple, l'enfant mort qu'Elisée releva, et les morts que notre Seigneur ressuscita. Notre Seigneur n'a pas mangé après sa résurrection parce qu'il avait besoin de nourriture, mais seulement pour confirmer son humanité. En effet, lorsqu'il resta 40 jours dans le désert sans manger, il ne fut pas incommodé par la faim.
Certains disent qu'après sa résurrection, notre Seigneur mangea une nourriture semblable à celle que les anges mangèrent dans la maison d'Abraham, et que cette nourriture fut dissipée et consommée par la puissance divine, de même que le feu lèche l'huile sans qu'elle entre dans sa substance.
Notre Seigneur demeura sur la terre 40 jours, de la même manière qu'il avait jeûné 40 jours, et qu'Élie avait jeûné 40 jours, et que Moïse avait jeûné 40 jours à deux reprises, et que la pluie tomba 40 jours durant le déluge, et que Dieu réprimanda les Ninivites pendant 40 jours, et que les espions se tinrent (absents) 40 jours, et que les enfants d'Israël errèrent dans le désert pendant 40 ans, et comme l'enfant dont la formation dans le ventre de sa mère est accomplie en 40 jours.
Après 40 jours, notre Seigneur fit monter ses disciples sur le mont des Oliviers, posa sa main sur eux, les bénit, et leur donna des directives concernant la prédication et l'enseignement des nations. Et il advint que pendant qu'Il les bénissait, Il se sépara d'eux, puis remonta vers les cieux; et ils se prosternèrent devant Lui.
Alors des anges leur apparurent, les encourageant et disant: "Ce Jésus, qui a été enlevé au ciel, va revenir de la même manière que vous l'avez vu monter au ciel".
Ils retournèrent ensuite dans la chambre haute où ils se tenaient, et y restèrent dix jours, jusqu'à ce qu'ils reçoivent le Saint-Esprit sous forme de langues de feu.
Simon-Pierre dit à ses compagnons de route: "Il est juste que nous remplacions Judas par quelqu'un d'autre pour compléter le nombre de douze". Ils tirèrent au sort, et le sort tomba sur Matthias, qui fut compté avec les onze apôtres.
Quant à la manière dont Notre Seigneur est entré dans les cieux sans les ouvrir, certains disent qu'il y est entré comme il l'a fait en passant à travers les portes fermées; et de la même manière qu'il sortit du sein de la vierge, et que la virginité de Marie revint à son premier état; pareil à la sueur du corps, et semblable à l'eau qui est absorbée par les racines de l'olivier et des autres arbres, et qui atteint en un clin d'œil les feuilles, les fleurs et les fruits, comme par certains conduits, sans que des trous ou des canaux y soient percés. Ainsi, par un miracle infini et ineffable, notre Seigneur est entré dans les cieux sans les fendre. Et si notre corps, qui est habitué à boire de l'eau et du vin, verse de la sueur sans que notre chair soit déchirée ou que notre peau soit percée, combien il est plus facile à la Puissance divine d'entrer par des portes fermées et dans le firmament céleste sans le déchirer ou le fendre?
Pour ce qui est de la chambre haute dans laquelle notre Seigneur célébra sa Pâque, certains disent qu'elle appartenait à Lazare, d'autres à Simon le Cyrénéen, d'autres à Joseph le sénateur; mais Josué, fils de Nun, le Catholique, dit qu'elle appartenait à Nicodème. Les apôtres restèrent dans la chambre haute 10 jours après l'Ascension, étant constants dans le jeûne et la prière, et attendant l'Esprit, le Consolateur, que Notre Seigneur Jésus-Christ leur avait promis.