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Nativite de Jesus Version Arabe

Nativite de Jesus Version Arabe

Version arabe de l'Évangile de l'enfance de Jésus

Les quatre premières traductions de cet Évangile furent en allemand; la première vit le jour en 1699, sans indication de lieu et sans nom d'auteur; la seconde, également anonyme, porte la date de 5738 (1789) à Jérusalem; la troisième vit le jour en 1804; la quatrième fait partie du recueil déjà cité du docteur Borberg (t. I, p. 135 et suiv.) Ces ouvrages sont peu connus et fort rares. Dans la crainte de s'attirer des persécutions, les Juifs les avait soustraits avec un soin extrême, aux regards des chrétiens. Le savant orientaliste J.-B. de Rossi les a mis au jour à Parme, en 1800, dans une Bibliotheca judaica anti-christiana, volume in-8° fort. J. C. Wagenseil avait déjà réuni quelques-uns de ces écrits sous le titre de Tela ignea Satanœ, Altdorfi, 1681, 2 vol. fol 4°.


La bibliothèque du Vatican, celle du Roi à Paris, renferme divers manuscrits de l'Évangile de l'Enfance de Jésus en langue arabe et syriaque. Les faits relatés se passent pour la plupart en Egypte et un prélat égyptien, nommé Cyriaque et évêque de Tabenne, se distingua par l'empressement qu'il mit à recueillir et à propager ces événements. Les Coptes possèdent un grand nombre d'ouvrages relatifs à ces mêmes événements qu'Assemani mentionne dans sa Bibliothèque orientale (t. II, 517, t. III, P. I, 286 et 641)


Nous conservons ici les differentes versions de l'enfance de Jesus:


  • Jean 21:25 "Jésus a fait encore beaucoup d'autres choses; si on les écrivait en détail, je ne pense pas que le monde même pût contenir les livres qu'on écrirait."


Au nom du Père, et du Fils, et de l’Esprit-Saint, Dieu unique.


Avec le secours et l'assistance du Dieu tout-puissant, nous commençons à écrire le livre des miracles de notre Sauveur, maître et Seigneur Jésus-Christ, lequel s'appelle l'Évangile de l'enfance, dans la paix du Sauveur. Ainsi soit-il.


CHAPITRE 1.

Nous trouvons dans le livre du grand-prêtre Joseph qui vécut du temps de Jésus (et quelques-uns disent que son nom était Caïphe) que Jésus parla lorsqu'il était au berceau et qu'il dit à sa mère Marie: "Moi que tu as enfanté, je suis Jésus, le fils de Dieu, le Verbe, ainsi que te l'a annoncé l'ange Gabriel et mon père m'a envoyé pour le salut du monde."


CHAPITRE 2.

L'an trois cent soixante-neuf de l'ère d'Alexandre, Auguste ordonna que chacun se fasse enregistrer dans sa ville natale.

Joseph se leva donc et conduisant Marie son épouse, il vint à Jérusalem, et il se rendit à Bethléem pour se faire inscrire avec sa famille dans l'endroit où il était né. 

Lorsqu'ils furent arrivés tout proche d'une caverne, Marie annonca à Joseph que le moment d'accoucher était venu et qu'elle ne pouvait aller jusqu'à la ville, elle dit: "Mais entrons dans cette caverne".

C'était le coucher du soleil. Joseph se hâta d'aller chercher une femme pour assister Marie dans l'accouchement. 

Il rencontra une vieille Israélite qui venait de Jérusalem et la saluant, il lui dit: "Entre dans cette caverne où tu trouveras une femme sur le point d'accoucher".


CHAPITRE 3.

Après le coucher du soleil, Joseph et la vieille arrivèrent devant la caverne et ils entrèrent.

Et voici que la caverne était toute resplendissante d'une clarté qui surpassait celle d'une infinité de flambeaux et qui brillait plus que le soleil à midi.

L’enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche, tétait le sein de sa mère Marie. 

Tous deux restèrent frappés de surprise à l'aspect de cette clarté, et la vieille demanda à Marie: "Est-ce que tu es la mère de cet enfant?"

Et Marie ayant répondu affirmativement, la vieille lui dit: "Tu n'es pas semblable aux filles d'Eve" et Marie repartit: "De même qu'il n'y a parmi les enfants aucun qui soit semblable à mon fils, de même sa mère est sans pareille parmi toutes les femmes".

La vieille dit alors: "Madame et maîtresse, je suis venue sans arrière-pensée, pour obtenir une récompense"

Et Marie lui répondit: "Pose tes mains sur l'enfant".

Lorsque la vieille l'eut fait, elle fut purifiée, et quand elle fut sortie, elle disait: "Dès ce moment, je serai la servante de cet enfant, et je serai vouée à son service durant tous les jours de ma vie". 


CHAPITRE 4.

Ensuite, les bergers arrivèrent, et lors-qu’ayant allumé le feu, ils se livrèrent à la joie, les armées célestes leur apparurent, louant et célébrant le Seigneur, la caverne ressemblait à un temple auguste, où des rois célestes et terrestres célébraient la gloire et les louanges de Dieu à cause de la nativité du Seigneur Jésus.

Et cette vieille Israélite voyant ces miracles éclatants, rendait grâce à Dieu, disant: "Je vous rends grâce, ô Dieu, Dieu d'Israël, parce que mes yeux ont vu la naissance du Sauveur du monde."


CHAPITRE 5.

Lorsque le temps de la circoncision fut arrivé, c'est-à-dire, le huitième jour, époque à laquelle la loi prescrit que le nouveau-né doit être circoncis; ils le circoncirent dans la caverne, et la vieille Israélite recueillit le prépuce (d'autres disent que ce fut le cordon ombilical qu'elle recueillit) et le mit dans un vase d'albâtre rempli d'huile de vieux nard.

Elle avait un fils qui faisait commerce de parfums, et elle lui donna ce vase, en disant: "Garde-toi de vendre ce vase rempli de parfum de nard, lors même qu'on t'en offrirait trois cents deniers".

C'est ce vase que Marie la pécheresse acheta et qu'elle répandit sur la tête et sur les pieds de Notre Seigneur Jésus, en les essuyant de ses cheveux.

Quand dix jours se furent écoulés, ils portèrent l'enfant à Jérusalem, et à l'expiration de la quarantaine, ils le présentèrent dans le temple du Seigneur, en donnant pour lui les offrandes que prescrit la loi de Moïse où il est dit: "Tout enfant mâle qui sortira du ventre de sa mère sera appelé le saint de Dieu". 


CHAPITRE 6.

Le vieillard Siméon vit l'enfant Jésus brillant de clarté comme une colonne de lumière, alors que la Vierge Marie, sa mère, le portait dans ses bras ressentant une extrême joie et une foule d'anges formaient comme un cercle autour de lui, célébrant ses louanges et l'accompagnant, tels les satellites d'un roi qui vont à sa suite. 

Siméon s'approchant de Marie avec empressement et étendant ses mains vers elle, dit au Seigneur Jésus: "Maintenant, Seigneur, votre serviteur peut se retirer en paix suivant votre parole, car mes yeux ont vu votre miséricorde et ce que vous avez préparé pour le salut de toutes les nations, pour la lumière de tous les peuples et la gloire de votre peuple d'Israël."  

La prophétesse Anne était aussi présente, et elle rendait grâce à Dieu tout en  vantant le bonheur de Marie.


CHAPITRE 7.

Et voici ce qu'il arriva. Le Seigneur Jésus naquit à Bethléem, ville de Judée, au temps du roi Hérode, des mages vinrent des pays de l'Orient, à Jérusalem, ainsi que l'avait prédit Zoradascht, et ils apportèrent avec eux des présents: de l'or, de l'encens et de la myrrhe, et ils adorèrent l'enfant, et ils lui firent hommage de leurs présents.

Alors Marie prit un des linges dans lesquels l'enfant était enveloppé et le donna aux mages qui le reçurent comme un don d'une inestimable valeur. 

Et à cette même heure, il leur apparut un ange sous la forme d'une étoile qui leur avait déjà servi de guide, et ils s'en allèrent en suivant sa clarté jusqu'à ce qu'ils fussent de retour dans leur patrie. 


CHAPITRE 8.

Les rois et les princes s'empressèrent de se réunir autour des mages, leur demandant ce qu'ils avaient vu et ce qu'ils avaient fait, comment ils étaient allés et comment ils étaient revenus et quels compagnons de route ils avaient eus ? 

Les mages leur montrèrent le linge que Marie leur avait donné. Voyant cela, ils célébrèrent une fête, allumant du feu suivant leur tradition, ils l'adorèrent, et ils jetèrent le linge dans les flammes qui l'enveloppèrent.

Le feu étant éteint, ils en retirèrent le linge tout entier et les flammes n'avaient laissé sur lui aucune trace. Ils se mirent alors à le baiser et à le poser sur leurs têtes et sur leurs yeux, disant: "Voici sûrement la vérité ! quel est donc le prix de cet objet que le feu n'a pu ni consumer, ni endommager?". 

Et le prenant, ils le déposèrent avec grande vénération dans leurs trésors.


CHAPITRE 9.

Hérode voyant que les mages ne retournaient pas vers lui, réunit les prêtres et les docteurs, et il leur dit: "Montrez-moi où doit naître le Christ". 

Et lorsqu'ils lui eurent répondu que c'était à Bethléem, ville de Judée, Hérode commença à méditer en son esprit le meurtre du Seigneur Jésus.

Alors un ange apparut à Joseph dans son sommeil, et il lui dit: "Lève-toi, prends l'enfant et sa mère, et réfugie-toi en Egypte." 

Et au chant du coq, Joseph se leva et il partit.


CHAPITRE 10.

Et tandis qu'il se demandait quel chemin suivre, le jour apparut et la fatigue du voyage brisa la courroie de la selle. 

Il approchait d'une grande ville où il y avait une grande statue à qui les autres idoles et déités d'Egypte offraient des hommages et des présents, et il y avait un prêtre attaché au service de cette statue, et toutes les fois que Satan parlait par la bouche de la statue, une prêtre rapportait ce qu'il disait aux habitants de l'Egypte et de ses rivages.

Ce prêtre avait un enfant de trois ans qui était possédé par une grande multitude de démons; il prophétisait et annonçait beaucoup de choses, et lorsque les démons s'emparaient de lui, il déchirait ses vêtements, et courait nu dans la ville jetant des pierres aux hommes.

L'hôtellerie de cette ville était dans le voisinage de cette statue. Lorsque Joseph et Marie arrivèrent et descendirent à cette hôtellerie, les habitants furent saisis d'une grande peur.

Tous les princes et les prêtres des idoles se réunirent autour de la statue lui demandant: "D'où vient cette consternation et quelle est la cause de cette terreur qui a envahi notre pays?"

Et la statue répondit: "Cette épouvante a été apportée par un Dieu inconnu qui est le Dieu véritable, et nul autre que lui n'est digne des honneurs divins, car il est véritablement le Fils de Dieu. A sa venue, cette contrée a tremblé; elle s'est émue et épouvantée, et nous éprouvons une grande crainte à cause de sa puissance."

A ce moment la statue tomba et se brisa ainsi que les autres idoles qui étaient dans le pays et leur chute mit tous les habitants de l'Egypte en fuite.


CHAPITRE 11.

Mais le fils du prêtre, possédé par les démons, entra dans l'hôtellerie en insultant Joseph et Marie. Tous ceux qui étaient là c'étaient enfuis. Pendant que Marie lavait les linges du Seigneur-Jésus, et qu'elle les suspendait sur une latte, ce jeune possédé prit un de ces linges et le posa sur sa tête, et aussitôt les démons prirent la fuite en sortant par sa bouche, et on vit s'éloigner des figures de corbeaux et de serpents.

L'enfant fut immédiatement guéri par le pouvoir de Jésus-Christ, et il se mit à chanter les louanges du Seigneur qui l'avait délivré et à lui rendre grâces.

Quand son père vit qu'il avait recouvré la santé, il s'étonna et lui demanda: "Mon fils, que t'est-il donc arrivé, et comment as-tu été guéri?"

Et le fils répondit: "Lorsque les démons me tourmentaient, je suis entré dans l'hôtellerie, et j'y ai trouvé une femme d'une grande beauté qui était avec un enfant et elle suspendait sur une latte des linges qu'elle venait de laver; j'en pris un et je le posai sur ma tête et les démons s'enfuirent aussitôt et m'abandonnèrent."

Le père fut remplie de joie et s'écria: "Mon fils, il se peut que cet enfant soit le fils du Dieu vivant qui a créé les cieux et la terre, car aussitôt qu'il a passé près de nous, la statue s'est brisée, et les simulacres de tous nos dieux sont tombés, et une force supérieure à la leur les a détruits."


CHAPITRE 12.

Ainsi s'accomplit la prophétie qui dit: "J'ai appelé mon fils de l'Egypte."

Quand Joseph et Marie apprirent que l'idole s'était renversée et qu'elle avait péri, ils furent saisis de crainte et de tremblement, et ils se dirent: "Lorsque nous étions dans la terre d'Israël, Hérode a voulut faire périr Jésus, et, dans ce but, il ordonna le massacre de tous les enfants de Bethléem et des environs, et il n'y a pas de doute que les Égyptiens nous brûleront tout vifs, s'ils apprennent que cette idole est tombée."


CHAPITRE 13.

Ils quittèrent et arrivèrent devant une cachette de voleurs qui dépouillaient de leurs vêtements et de leurs effets les voyageurs qui passaient près d'eux et les séquestraient garrottés. 

Ces voleurs entendirent un grand bruit pareil à celui du cortège d'un roi qui sort de sa capitale au son des instruments de musique, escorté d'une grande armée et d'une nombreuse cavalerie, ils laissèrent tout leur butin et s'empressèrent de fuir.

Les captifs se levant enfin, délièrent les liens des uns et des autres, et ayant repris leurs effets, ils se retirèrent lorsqu'ils virent que Joseph et Marie s'approchaient.

Ils leur demandèrent: "Où est ce roi dont le cortège a, par son bruit, épouvanté les voleurs au point qu’ils se sont enfuis et que nous avons été délivrés?" 

Et Joseph répondit: "Il vient après nous."


CHAPITRE 14.

Ils allèrent ensuite dans une autre ville où il y avait une femme démoniaque, et une fois qu'elle alla puiser de l'eau durant la nuit, l'esprit rebelle et impur s'emparât d'elle. 

Elle ne pouvait ni porter des vêtements, ni habiter une maison, et toutes les fois qu'on l'attachait avec des liens ou avec des chaînes, elle les brisait et s'enfuyait nue dans les lieux déserts. 

Elle se tenait sur les routes et près des sépultures, et elle poursuivait à coups de pierre ceux qu'elle trouvait, de sorte qu'elle était pour ses parents un grand sujet de deuil.

Marie l'ayant vue, fut touchée de compassion, et aussitôt Satan quitta cette femme, et il s'enfuit sous la forme d'un jeune homme, en disant: "Malheur à moi, à cause de toi, Marie, et à cause de ton fils!"

Lorsque cette femme fut délivrée de ce qui causait ses tourments, elle regarda autour d'elle, et, honteuse de sa nudité, elle alla vers ses proches, fuyant le regard des hommes. 

S'étant revêtue d'habits, elle expliqua à sa famille ce qui lui était arrivé, et comme ils étaient du nombre des habitants les plus distingués de la ville, ils hébergèrent chez eux Joseph et Marie, leur témoignant un grand respect.


CHAPITRE 15.

Le lendemain, Joseph et Marie se mirent en route, et le soir ils arrivèrent dans une autre ville où se célébrait une noce, mais, par suite des embûches de l'esprit malin et des enchantements de quelques magiciens, l'épouse avait perdu l'usage de la parole, de sorte qu'elle ne pouvait plus ouvrir la bouche.

Lorsque Marie entra dans la ville portant dans ses bras son fils, le Seigneur Jésus, la muette l'aperçut et aussitôt elle étendit ses mains vers Jésus, elle le prit dans ses bras et le serra contre son sein en lui donnant beaucoup de baisers. 

Aussitôt le lien qui retenait sa langue se brisa, ses oreilles s'ouvrirent et elle commença à glorifier et à remercier Dieu qui l'avait guérie.

Et il y eut cette nuit une grande joie parmi les habitants de cette ville, car ils pensaient que Dieu et ses anges étaient descendus parmi eux.


CHAPITRE 16.

Joseph et Marie passèrent trois jours en cet endroit où ils furent tenus en grande vénération et traités avec honneur. 

Étant munis de provisions pour leur voyage, ils partirent et ils arrivèrent ensuite dans une autre ville, et comme elle était florissante et ses habitants en grande célébrité, ils désiraient y passer la nuit.

Il y avait dans cette ville une femme noble et comme elle était descendue au fleuve pour s'y laver, voici que l'esprit maudit sous la forme d'un serpent, se jeta sur elle et il s'enroula autour de son ventre, et chaque nuit, il s'étendait sur elle. 

Lorsque cette femme vit Marie et le Seigneur Jésus qu'elle portait contre son sein, elle pria Marie de lui permettre de porter et d'embrasser l'enfant. 

Marie accepta, et aussitôt que cette femme toucha l'enfant, Satan l'abandonna et s'enfuit, et depuis cette femme ne le revit plus. 

Tous les voisins louèrent le Seigneur et cette femme les récompensa avec une grande générosité.


CHAPITRE 17.

Le lendemain, cette même femme prit une eau parfumée pour laver l'enfant Jésus, et, quand elle l'eut lavé, elle garda cette eau. 

Et il y avait là une jeune fille dont le corps était couvert d'une lèpre blanche et elle se lava de cette eau, elle fut immédiatement guérie.

Le peuple disait donc: "Il n'y a pas de doute que Joseph et Marie et cet enfant ne soient des dieux car ils ne paraissent pas de simples mortels."

Lorsqu'ils se préparèrent à partir, cette fille qui avait été guérie de la lèpre s'approcha d'eux et les pria de lui permettre de les accompagner.


CHAPITRE 18.

Ils y consentirent et elle alla avec eux et ils arrivèrent dans une ville où se trouvait le château d'un prince puissant, et ce palais était proche d'une hôtellerie. Ils s'y rendirent. 

La jeune fille s'étant ensuite approchée de l'épouse du prince, la trouva triste et versant des larmes et elle lui demanda la cause de sa douleur.

Et celle-ci lui répondit: "Ne t'étonne pas de me voir livrée à l'affliction; je suis en proie à une grande calamité que je n'ose raconter à aucun homme."

La jeune fille lui repartit: "Si tu me dis quel est ton mal, tu trouveras peut-être le remède auprès de moi."

La femme du prince lui dit: "Tu ne révéleras ce secret à personne. J'ai épousé un prince dont la domination, pareille à celle d'un roi, s'étend sur de vastes états, et, après avoir longtemps vécu avec lui, il n'a eu de moi aucune postérité. Quand enfin je conçu, je mis au monde un enfant lépreux; l'ayant vu, il ne l’a pas reconnu comme étant à lui, et il m'a dit: — Fais mourir cet enfant ou donne-le à une nourrice qui l'élèvera dans un endroit si éloigné que jamais l'on n'en entende parler. Et, reprends ce qui est à toi, car je ne veux plus jamais te revoir. C'est pourquoi je me livre à la douleur en déplorant la calamité qui m'a frappée et je pleure pour mon mari et sur mon enfant."

La jeune fille lui répondit: "Ne t'ai-je pas promit que j'ai trouvé pour toi un remède? Moi aussi j'ai été atteinte de la lèpre, mais j'ai été guérie par une faveur de Dieu, qui est Jésus le fils de Marie."

La femme lui demanda alors où était ce Dieu dont elle parlait, la jeune fille répondit: "Il est dans cette même maison où nous sommes".  

La princesse repartit: "Et comment cela peut-il se faire, où est-il?" 

La jeune fille répliqua: "Voici Joseph et Marie, l'enfant qui est avec eux est Jésus, et c'est lui qui m'a guérie de mes souffrances." 

La princesse demanda: "Et comment est-ce qu'il t'a guérie? Est-ce que tu ne me le diras pas?". 

La jeune fille répondit: "J'ai reçu de sa mère de l'eau dans laquelle il avait été lavé, et je l'ai versée sur mon corps et ma lèpre a disparu."

La femme du prince se leva alors et elle reçut chez elle Joseph et Marie, et elle prépara à Joseph un festin splendide dans une grande réunion. Le lendemain, elle prit de l'eau parfumée afin de laver le Seigneur Jésus, et elle lava avec cette même eau son fils qu'elle avait apporté avec elle, et aussitôt son fils fut guéri de sa lèpre.

Et elle chantait les louanges de Dieu, en lui rendant grâces et en disant: "Heureuse la mère qui t'a engendré, ô Jésus! L'eau dont ton corps a été arrosé guérit les hommes qui ont part à la même nature que toi." 

Elle offrit de riches présents à Marie et elle la renvoya en la traitant avec grand honneur.


CHAPITRE 19.

Ils allèrent ensuite dans une autre ville où ils voulaient passer la nuit. Ils allèrent chez un homme qui s'était marié depuis peu, mais qui, atteint d'un maléfice, ne pouvait jouir de sa femme, et quand ils eurent passé la nuit près de lui, son empêchement fut rompu. 

Lorsque le jour se leva, ils se ceignirent pour se remettre en route, mais l'époux les en empêcha et leur prépara un grand banquet.


CHAPITRE 20.

Le lendemain, ils partirent et comme ils approchaient d'une autre ville, ils virent trois femmes qui quittaient un tombeau en versant beaucoup de pleurs.

Marie les ayant aperçues dit à la jeune fille qui les accompagnait: "Demande-leur qui elles sont et quel est le malheur qui leur est arrivé." Elles ne donnèrent point de réponse à la question que la jeune fille leur fit, mais elles se mirent à l'interroger de leur côté, disant: "Qui êtes-vous, et où allez-vous? car déjà le jour est tombé et la nuit s'avance."

La jeune fille répondit: "Nous sommes des voyageurs et nous cherchons une hôtellerie afin d'y passer la nuit."

Elles repartirent: "Accompagnez-nous et passez la nuit chez nous."

Ils suivirent donc ces femmes, et ils furent introduits dans une maison nouvelle, ornée et garnie de différents meubles Or, c'était dans la saison de l’hiver, et la jeune fille étant entrée dans la chambre de ces femmes, les trouva encore qui pleuraient et qui se lamentaient. 

À côté d'elles était un mulet, couvert d'une housse de soie, devant lequel était placé du fourrage, et elles lui donnaient à manger et elles l'embrassaient La jeune fille dit alors: "O ma maîtresse, que ce mulet est beau".

Et elles répondirent en pleurant: "Ce mulet que tu vois est notre frère, il est né de la même mère que nous. Notre père nous laissa à sa mort de grandes richesses et nous n'avions que ce seul frère et nous cherchions à lui procurer un mariage convenable. Mais des femmes enflammées de l'esprit de la jalousie ont jeté sur lui, à notre insu, des enchantements, et une certaine nuit, un peu avant le point du jour, les portes de notre maison étant fermées, nous avons vu que notre frère avait été changé en mulet et qu'il était tel que tu le vois à présent. Nous nous sommes livrées à la tristesse, car nous n'avions plus notre père pour nous consoler; nous n'avons oublié aucun sage au monde, aucun magicien, ou enchanteur, nous avons eu recours à tous, mais nous n'en avons retiré nul profit. C'est pourquoi, toutes les fois que nos cœurs sont gonflés de tristesse, nous nous levons et nous allons avec notre mère que voici, au tombeau de notre père, et, après y avoir pleuré, nous revenons."


CHAPITRE 21.

Lorsque la jeune fille entendit ces choses elle dit: "Prenez courage et cessez de pleurer, car le remède de vos maux est proche, il est même avec vous et au milieu de votre demeure; j'ai été lépreuse, mais après que j'eus vu cette femme et ce petit enfant qui est avec elle et qui se nomme Jésus, et après avoir versé sur mon corps l'eau avec lequel sa mère l'avait lavé, j'ai été purifiée. Je sais aussi qu'il peut mettre un terme à votre malheur; levez-vous, approchez-vous de Marie, et après l'avoir conduite chez vous, révélez-lui le secret dont vous m'avez fait part, en la suppliant d'avoir compassion de vous."

Lorsque ces femmes eurent entendu ces paroles de la jeune fille, elles s'empressèrent d'aller auprès de Marie et elles l'emmenèrent chez elles et elles lui dirent en pleurant: "O Marie, notre maîtresse, prends pitié de tes servantes, car notre famille est dépourvue de son chef et nous n'avons pas un père ou un frère qui entre ou qui sorte devant nous. Ce mulet que tu vois est notre frère, que des femmes ont par leurs sortilèges, réduit à cet état. Nous te prions donc d'avoir pitié de nous."

Alors Marie, touchée de compassion, souleva l'enfant Jésus et le plaça sur le dos du mulet et elle pleurait, ainsi que les femmes, et elle dit: "Hélas ! Mon fils, guéris ce mulet par un effet de ta grande puissance et fais que cet homme recouvre la raison dont il a été privé."

A peine ces mots étaient-ils sortis de la bouche de Marie que le mulet reprit aussitôt la forme humaine et se montra sous les traits d'un beau jeune homme et il ne lui restait nulle difformité.

Et lui, et sa mère et ses sœurs adorèrent Marie et, élevant l'enfant au-dessus de leurs têtes, ils l'embrassaient en disant: "Heureuse ta mère, ô Jésus, Sauveur du monde ! Heureux les yeux qui jouissent de la félicité de ton aspect."


CHAPITRE 22.

Les deux sœurs dirent à leur mère: "Notre frère a repris sa première forme, grâce à l'intervention du Seigneur Jésus et aux bons avis de cette jeune fille qui nous a conseillé de recourir à Marie et à son fils. Et maintenant, puisque notre frère n'est pas marié, nous pensons qu'il est convenable qu'il épouse cette jeune fille."

Lorsqu'elles eurent fait cette demande à Marie et qu'elle y eut consenti, elles firent pour cette noce des préparatifs splendides et la douleur fut changée en joie et les pleurs firent place aux rires, et elles ne firent que se réjouir et chanter dans l'excès de leur contentement, ornées de vêtements magnifiques et de joyaux.

En même temps elles célébraient les louanges de Dieu, disant: "O Jésus, fils de Dieu qui a changé notre affliction en allégresse et nos lamentations en cris de joie !".

Joseph et Marie demeurèrent dix jours en cet endroit; ensuite ils partirent comblés des témoignages de vénération de toute cette famille, qui, après leur avoir dit adieu, s'en retourna en pleurant, et la jeune fille surtout répandit des larmes.


CHAPITRE 23.

Ils arrivèrent ensuite près d'un désert et ayant appris qu'il était infesté de voleurs, ils se préparaient à le traverser pendant la nuit.  

Et voici que tout d'un coup, ils aperçurent deux voleurs qui étaient endormis et près d'eux ils virent une foule d'autres voleurs qui étaient les camarades de ces gens et qui étaient aussi plongés dans le sommeil.

Ces deux voleurs se nommaient Titus et Dumachus*, et le premier dit à l'autre: "Je te prie de laisser ces voyageurs aller en paix, de peur que nos compagnons ne les aperçoivent" 

Dumachus s'y refusant, Titus lui dit: "Reçois de moi quarante drachmes et prends ma ceinture pour gage." 

Et il la lui présentait en même temps, le priant de ne pas appeler et de ne pas donner l'alarme.

Marie voyant ce voleur si bien disposé à leur rendre service lui dit: "Que Dieu te soutienne de sa main droite et qu'il t'accorde la rémission de tes péchés."

Et le Seigneur Jésus dit à Marie: "Dans trente ans, ô ma mère, les Juifs me crucifieront à Jérusalem, et ces deux voleurs seront mis en croix à mes côtés, Titus à ma droite et Dumachus à ma gauche et de ce jour-là, Titus entrera dans le Royaume des Cieux."

Et lorsqu'il eut ainsi parlé, sa mère lui répondit: "Que Dieu détourne de toi semblables choses, ô mon fils."


*Ces deux voleurs portent dans l'Evangile de Nicodème les noms de Dimas et de Gestas; dans les Collectanea vulgairement attribués à Bède, ils s'appellent Matha et Joca ; et dans une histoire de J.-C qui a été écrite en persan par le jésuite Jérôme-Xavier, que Louis de Dieu a traduite en raccompagnant de notes acerbes, et que les Elzevira ont imprimée en 1639, ils sont désignés sous les noms de Lustin et de Vissimus. Selon les légendaires crédules du moyen-âge, ce sont ces deux larrons qui furent cruxifiés auz cotés de J.C.


CHAPITRE 24.

Ils allèrent ensuite vers une ville des idoles, et, comme ils en approchaient, elle fut changée en un tas de sable.

Ils vinrent ensuite à un sycomore que l’on appelle aujourd'hui Matarea*, et le Seigneur Jésus fit paraître à cet endroit une fontaine où Marie lava sa tunique. Et le baume que produit ce pays vient de la sueur qui coula des membres de Jésus**.


*Rapportons ici un passage du Voyage au Levant de Thévenot (l. II, c. 8, tom. I, p. 265, édit. de 1665) : "Dans un grand jardin, près du Caire, il y a un gros sycomore fort vieux qui porte toutefois du fruit tous les ans; on dit que la Vierge, passant par là avec son Fils Jésus et voyant que des gens la poursuivaient, ce figuier s'ouvrit, et la Vierge étant entrée dedans, il se referma ; puis, ces gens étant passés, il se rouvrit et resta toujours ainsi ouvert jusqu'à l’année 1656, que le morceau qui s'était séparé du tronc fut rompu." Denon (Voyage en Egypte, t. I, p. 65, édit. de 1802) mentionne des portes d'édifices arabes qui peuvent donner la mesure de l’indestructibilité du bois de sycomore; il est resté dans son entier, tandis que le fer dont ces portes étaient revêtues a cédé au temps et a disparu complètement

**Voici ce qu'à cet égard on lit dans l’Histoire en persan: "Il reste un écrit que, lorsque les habitants de ce pays voulaient accroître ce jardin, ils y plantèrent beaucoup de ces arbres qui donnent le baume, mais ces arbres ne portèrent aucun fruit ; ils eurent alors l'idée que cette stérilité cesserait si ces arbres étaient arrosés dans l'eau dans laquelle Jésus s'était baigné ou qui avait lavé ses vêtements. Ils amenèrent ainsi le ruisseau de ce jardin jusqu'au ruisseau qui s'écoulait de la fontaine de Jésus-Christ, et des deux ruisseaux l’on n'en fit qu'un. Et il advint que toutes les terres qui furent arrosées de ces eaux produisirent le fruit qui donne le baume."


CHAPITRE 25.

Ils se rendirent alors à Memphis et ayant vu Pharaon, ils demeurèrent trois ans en Egypte, et le Seigneur Jésus y fit beaucoup de miracles qui ne sont consignés ni dans l'Évangile de l'Enfance, ni dans l'Évangile complet*.

  • Jean 21:25 "Jésus a fait encore beaucoup d'autres choses; si on les écrivait en détail, je ne pense pas que le monde même pût contenir les livres qu'on écrirait."


CHAPITRE 26.

Au bout de trois ans ils quittèrent l’Egypte et ils retournèrent en Judée, et lorsqu'ils en furent proches, Joseph redouta d'y entrer, car il apprit qu'Hérode était mort et que son fils Archélaüs lui avait succédé, mais l'ange de Dieu lui apparut et lui dit: "O Joseph, va dans la ville de Nazareth et fixes-y ta demeure."


*Kessaeus ajoute au récit de la fuite en Egypte des circonstances périles, mais que l'amour du merveilleux faisait circuler de bouche en bouche dans tout l'Orient.

-  Ils se mirent à aller de ville en ville. Et Joseph vit sur la route un grand lion qui se tenait à l'embranchement de deux chemins, et, comme ils avaient peur, Jésus s'adressa au lion et lui dit: "Ce taureau, que tu songes à déchirer, appartient à un homme pauvre; va en un tel endroit et tu y trouveras le cadavre d'un chameau; dévore-le." Le lion alla vers le chameau et le dévora.

-  Ils allèrent ensuite à une multitude d'hommes assemblés et Jésus leur dit: "Voulez-vous que je vous dise pourquoi vous êtes ici réunis? Votre intention est d'entrer dans le palais du roi et de le piller; mais n’en faites rien, car ce monarque est un homme pieux; suivez-moi, et je vais vous montrer un trésor dont le propriétaire a accompli hier son dernier jour." Ils le suivirent, et lorsqu'ils furent arrivés auprès d'un rocher, Jésus leur dit: "Creusez là." Et lorsqu'ils eurent creusé, ils trouvèrent une grosse somme d'argent et ils la partagèrent entre eux.

-  Jésus, étant parti avec ceux qui étaient avec lui, vint dans une ville où il y avait un roi, et les habitants de cette ville étaient rassemblés devant une idole à laquelle ils adressaient des supplications en versant des larmes. Jésus leur ayant demandé ce qu'ils avaient à agir ainsi, ils répondirent: "La femme du roi est en mal d’enfant et ses couches sont accompagnées de grandes souffrances et de périls." Jésus répondit: "Allez vers le roi et dites-lui que si je pose la main sur le ventre de sa femme, elle sera aussitôt délivrée." Quand cela eut été rapporté au roi, il ordonna d'introduire Jésus auprès de lui, et Jésus dit: "O roi, si, avant que cette femme n'accouche, je t'annonce ce qu'elle va enfanter, croiras-tu en mon Seigneur qui m'a créé sans que j'aie eu de père?" Le roi ayant répondu oui, Jésus dit: "Elle va mettre au monde un enfant d'une grande beauté dont une oreille sera plus longue que l'autre, et sur l'une de ses joues il y aura un signe noir et sur son dos un autre de même couleur." Puis, ayant étendu la main vers le ventre de la femme, il dit: "Sors, embryon, par la volonté de Dieu suprême qui a créé toutes choses et qui fournit à toutes ses créatures une nourriture abondante." La femme ayant mis au monde un enfant tel que Jésus l'avait annoncé, le roi voulait croire en Dieu, mais ses conseillers l'en détournèrent, en lui disant que tout cela était l'œuvre de la magie. Dieu suscita alors contre eux un grand orage venant du ciel avec un horrible fracas, et ils prirent tous la fuite.


CHAPITRE 27.

Lorsqu'ils arrivèrent à Bethléem, il s'y était déclaré des maladies graves et difficiles à guérir qui attaquaient les yeux des enfants et beaucoup périssaient.

Et une femme qui avait un fils près de mourir, l'amena à Marie et la trouva qui baignait le Seigneur Jésus. Et cette femme dit: "O Marie, vois mon fils qui souffre cruellement."

Marie l'entendant lui dit: "Prends un peu de cette eau avec laquelle j'ai lavé mon fils et répands-la sur le tien."

La femme fit comme le lui recommandait Marie, et son fils, après avoir été fort agité, s'était endormi, et lorsqu'il se réveilla, il se trouva complètement guéri.

La femme pleine de joie, revint trouver Marie qui lui-dit: "Rends grâce à Dieu, de ce qu'il a guéri ton fils."


CHAPITRE 28.

Cette femme avait une voisine dont l'enfant était atteint de la même maladie et ses yeux étaient presque fermés et il criait piteusement nuit et jour.

Et celle dont le fils avait été guéri lui dit: "Pourquoi ne portes-tu pas ton fils à Marie comme je lui ai porté le mien lorsqu'il était au moment de la mort et qu'il a été guéri par cette eau dans laquelle Jésus s'était baigné?"

Et cette seconde femme alla aussi prendre de cette eau et aussitôt qu'elle en eut répandu sur son fils, son mal cessa. 

Et elle apporta son fils parfaitement guéri à Marie, qui lui recommanda de rendre grâce à Dieu et de ne raconter à personne ce qui lui était arrivé.


*On lit dans le Coran à la Sourate 3 AL-IMRAN (La Famille d'Imram) verset 49: "Jet Il sera le messager aux enfants d'Israël, [et leur dira]: "En vérité, je viens à vous avec un signe de la part de votre Seigneur. Pour vous, je forme de la glaise comme la figure d'un oiseau, puis je souffle dedans: et, par la permission d'Allah, cela devient un oiseau. Et je guéris l'aveugle-né et le lépreux, et je ressuscite les morts, par la permission d'Allah. Et je vous apprends ce que vous mangez et ce que vous amassez dans vos maisons. Voilà bien là un signe, pour vous, si vous êtes croyants!"

*On lit encore dans le Coran à la Sourate 5 AL-MA-IDAH (La table servie) verset 110: "Et quand Allah dira: "Ô Jésus, fils de Marie, rappelle-toi Mon bienfait sur toi et sur ta mère quand Je te fortifiais du Saint-Esprit. Au berceau tu parlais aux gens, tout comme en ton âge mûr. Je t'enseignais le Livre, la Sagesse, la Thora et l'évangile! Tu fabriquais de l'argile comme une forme d'oiseau par Ma permission; puis tu soufflais dedans. Alors par Ma permission, elle devenait oiseau. Et tu guérissais par Ma permission, l'aveugle-né et le lépreux. Et par Ma permission, tu faisais revivre les morts. Je te protégeais contre les Enfants d'Israël pendant que tu leur apportais les preuves. Mais ceux d'entre eux qui ne croyaient pas dirent: "Ceci n'est que de la magie évidente".

*On lit dans Kessaeus: Alors le peuple disait: "C'est de la magie; fais-nous voir un autre signe." Et Jésus disait: "Que désirez-vous?" Ils répondaient: "Indique-nous ce que nous avons déposé et ce que nous devons manger dans nos maisons." Et quand il le leur eut dit, comme ils ne croyaient pas, il s'en alla, et, le lendemain, comme il revint parmi eux, ils disaient: "Voici que ce magicien est de retour!" Jésus, les entendant, en fut courroucé, et il dit: "O Dieu, tu sais qu'ils m'accusent de maléfice, ainsi que ma Mère; punis-les donc ainsi qu'ils le méritent." Alors Dieu les changea en porcs, et, après qu'ils eurent vécu trois jours, ils moururent. Lorsque cela fut divulgué parmi les Juifs, ils voulurent tuer Jésus, mais ils ne le purent.


CHAPITRE 29.

Il y avait dans la même ville deux femmes mariées au même homme et chacune avait un fils qui était malade. 

L'une se nommait Marie et son fils avait pour nom Kaljufe.

Cette femme se leva et elle porta son enfant à Marie, la mère de Jésus, et elle lui offrit une très belle nappe, et elle lui dit: "O Marie, reçois de moi cette nappe et, en échange, donne-moi un de tes langes."

Marie y consentit et la mère de Kaljufe fit avec ce lange une tunique dont elle revêtit son fils. 

Et il se trouva guéri et l'enfant de sa rivale mourut le même jour. Il en résulta de grands dissentiments entre ces deux femmes; elles s'acquittaient, chacune à son tour, une semaine durant, des travaux du ménage et une fois que le tour de Marie, la mère de Kaljufe, était venu, elle s'occupait de faire chauffer le four pour cuire le pain et, allant chercher la farine, elle sortit laissant son enfant près du four.

Sa rivale voyant que l'enfant était resté seul, le prit et le jeta dans le four tout embrasé et elle s'enfuit. 

Marie revint et elle vit son enfant au milieu du four souriant, car le four s'était soudainement refroidi, comme si jamais il n'avait été allumé, et elle se douta que sa rivale l'avait jeté là. 

Elle l'en retira donc et le porta à la vierge Marie et lui raconta ce qui s'était passé.

Et Marie lui dit: "Tais-toi, car je crains pour toi si tu divulgues ces choses"

Ensuite la rivale alla au puits puiser de l'eau et voyant que Kaljufe y jouait à coté et qu'il n'y avait personne dans les alentours, elle prit l'enfant et le jeta dans le puits. 

Des hommes étant venus pour puiser de l'eau virent l'enfant qui était assis sans aucun mal, sur la surface de l'eau, et ayant descendu des cordes, ils le retirèrent. 

Et ils furent remplis d'une telle admiration pour cet enfant, qu'ils lui rendirent les honneurs comme à un dieu.

Et sa mère le porta en pleurant à Marie et lui dit: "O ma maîtresse, vois ce que ma rivale a fait à mon fils et comme elle l'a fait tomber dans le puits et il n'y a pas de doute pour moi qu'elle ne cause un jour sa mort".

Marie lui répondit: "Dieu punira le mal qui t'a été fait"

Peu de jours après, la rivale alla puiser de l'eau et ses pieds s'embarrassèrent dans la corde de sorte qu'elle tomba dans le puits et lorsque l'on accourut pour lui porter secours, on trouva qu'elle s'était fracassé la tête.

Elle mourut donc d'une manière funeste et la parole du sage s'accomplit en elle:  "Ils ont creusé un puits et ils ont jeté la terre en haut, mais ils sont tombés dans la fosse qu'ils avaient préparée."


CHAPITRE 30.

Une autre femme de la même ville avait deux enfants, tous deux malades.

L'un mourut et l'autre était près de mourir. 

Sa mère le prit dans ses bras et le porta à Marie en versant un torrent de larmes et elle lui dit: "O ma maîtresse, viens à mon secours et assiste-moi; j'avais deux fils et je viens d'en perdre un et je vois l'autre au moment de périr. Vois comment j'implore la miséricorde du Seigneur."

Et elle se mit à dire: "Seigneur, vous êtes plein de clémence et de compassion; vous m'aviez donné deux fils, vous avez rappelé l'un d'eux à vous, du moins laissez-moi l'autre."

Marie témoin de son excessive douleur, eut pitié d'elle et Lui dit: "Place ton enfant dans le lit de mon fils et couvre-le de ses vêtements."

Et quand l'enfant eut été placé dans le lit à côté de Jésus  ses yeux appesantis par la mort se rouvrirent et appelant sa mère à voix haute, il demanda du pain et quand on lui en eut donné, il le mangea.

Alors sa mère dit: "O Marie, je connais que la vertu de Dieu habite en toi, au point que ton fils guérit les enfants aussitôt qu'ils l'ont touché".

Et l'enfant qui fut ainsi guéri est ce même Barthélémy dont il est parlé dans l'Évangile.


CHAPITRE 31.

Il y avait au même endroit une femme lépreuse qui alla trouver Marie mère de Jésus et qui lui dit: "O ma maîtresse, assiste-moi."

Et Marie lui répondit: "Quel secours demandes-tu? est-ce de l’or ou de l'argent, ou veux-tu être guérie de ta lèpre?".

Cette femme repartit: "Qu'est-ce que tu peux faire pour moi?"

Et Marie lui dit: "Attends un peu jusqu'à ce que j'aie lavé mon enfant et que je l'aie mis dans son lit."

La femme attendit et Marie, après l'avoir couché, tendit à la femme un vase plein de l'eau avec laquelle elle avait lavé son enfant et lui dit : "Prends un peu de cette eau et répands-la sur ton corps."

Et aussitôt que la malade l'eut fait, elle se trouva guérie, et elle rendit grâce à Dieu.


CHAPITRE 32.

Elle s'en alla ensuite, après être restée trois jours auprès de Marie et elle vint dans une ville où était un prince qui avait épousé la fille d'un autre prince, mais lorsqu'il vit sa femme, il aperçut entre ses yeux les marques de la lèpre ayant la forme d'une étoile et leur mariage fut déclaré nul et non valide.

Cette femme voyant la princesse remplie de désespoir, lui demanda la cause de ses larmes, et la princesse lui répondi: "Ne t'informe pas de ma situation; mon malheur est tel que je ne puis le révéler à personne."

La femme insistât pour le savoir, disant qu'elle connaîtrait peut-être quelque remède à y apporter. Elle vit alors les traces de la lèpre qui paraissaient entre les yeux de la princesse.

Elle dit: "Moi aussi, j'ai été atteinte de cette même maladie et je m'étais rendue pour affaires à Bethléem. Là, j'entrai dans une caverne où je vis une femme nommée Marie et elle avait un enfant qui s'appelait Jésus. Me voyant atteinte de la lèpre, elle eut pitié de moi, et elle me donna l'eau dans laquelle elle avait lavé le corps de son fils. Je versai cette eau sur mon corps et je fus aussitôt guérie." La princesse lui dit alors: "Lève-toi et viens avec moi et fais-moi voir Marie."

Et elle s'y rendit apportant de riches présents.

Et quand Marie la vit, elle dit: "Que la miséricorde du Seigneur Jésus soit sur toi."

Et elle lui donna un peu de cette eau dans laquelle elle avait lavé son enfant. Aussitôt que la princesse en eut répandu sur elle, elle se trouva guérie et elle rendit grâce au Seigneur, ainsi que tous ses assistants. 

Le prince apprenant que sa femme avait été guérie, la reçut chez lui et célébrant de secondes noces, il rendit grâces à Dieu.


CHAPITRE 33.

Il y avait au même endroit une jeune fille que Satan tourmentait; l'esprit maudit lui apparaissait sous la forme d'un grand dragon qui voulait la dévorer et il avait sucé tout son sang de sorte qu'elle ressemblait à un cadavre.

Et toutes les fois qu'il se jetait sur elle, elle criait, en joignant les mains au-dessus de sa tête et elle disait: "Malheur, malheur à moi, car il n'y a personne qui puisse me délivrer de cet affreux dragon."

Son père et sa mère et tous ceux qui l'entouraient et qui la voyaient, se livraient à l'affliction et répandaient des larmes, surtout lorsqu'elle pleurait et disait: "O mes frères et mes amis, n'y a-t-il donc personne qui me délivre de ce meurtrier?"

La fille du prince qui avait été guérie de la lèpre, entendant la voix de cette malheureuse, monta sur le toit de son château et elle la vit, les mains jointes au-dessus de la tête, versant des larmes abondantes et tous ceux qui l'entouraient pleuraient aussi. 

Et elle demanda si la mère de cette possédée vivait encore.

Et quand on lui eut répondu que son père et sa mère étaient tous deux en vie, elle dit: "Faites venir sa mère auprès de moi."

Et quand elle fut venue, elle lui demanda: "Est-ce ta fille qui est ainsi possédée?"

Et la mère ayant répondu que oui, en versant des larmes, la fille du prince dit: "Ne révèle pas ce que je vais te confier; j'ai été lépreuse, mais Marie, la mère de Jésus-Christ m'a guérie. Si tu veux que ta fille obtienne sa délivrance, conduis-la à Bethléem et implore avec foi l'assistance de Marie et je crois que tu reviendras pleine de joie ramenant ta fille guérie."

Aussitôt la mère se leva et elle partit et elle alla trouver Marie, et elle lui exposa l'état dans lequel était sa fille. 

Marie l'ayant écoutée lui donna un peu de l'eau dans laquelle elle avait lavé son fils Jésus et lui dit de la répandre sur le corps de la possédée.

Elle lui donna ensuite un morceau des langes de l'enfant Jésus et elle lui dit: "Prends ceci et montre-le à ton ennemi, toutes les fois que tu le verras." 

Et elle la renvoya ensuite en paix.


CHAPITRE 34.

Après avoir quitté Marie, elles revinrent dans leur ville et lorsque vint le temps où Satan avait coutume de la tourmenter, il lui apparut sous la forme d'un grand dragon et, à son aspect, la jeune fille fut saisie d'effroi.

Et sa mère lui dit: "Ne crains rien, ma fille, laisse-le s'approcher davantage de toi et montre-lui ce linge que nous a donné Marie et nous verrons ce qu'il pourra faire."

Et quand le malin esprit qui avait revêtu la forme du dragon fut tout proche, la malade, toute tremblante de frayeur, mit sur sa tête et déploya le linge et il en sortit des flammes qui s'élançaient vers la tête et vers les yeux du dragon, et on entendit crier à haute voix: "Qu'y a t-il entre toi et moi, ô Jésus, fils de Marie? Où trouverai-je un asile contre toi?".

Et Satan prit la fuite avec épouvante, abandonnant cette jeune fille, et depuis il ne lui apparut plus jamais. 

Elle se trouva ainsi délivrée, et elle rendit dans sa reconnaissance des actions de grâce à Dieu, ainsi que tous ceux qui avaient été présents à ce miracle.


CHAPITRE 35.

Il y avait dans cette même ville une autre femme dont le fils était tourmenté par Satan, il se nommait Judas, et toutes les fois que le malin esprit s'emparait de lui, il cherchait à mordre ceux qui étaient près de lui, et, quand il était seul, il mordait ses propres mains et ses membres.

La mère de ce malheureux entendant parler de Marie et de son fils Jésus, se leva et tenant son fils dans ses bras, elle le porta à Marie.

Sur ces entrefaits, Jacques et Joseph avaient conduit dehors l'enfant Jésus pour qu'il jouât avec les autres enfants, et ils s'étaient assis hors de la maison et Jésus avec eux. Judas s'approcha et s'assit à la droite de Jésus, et quand Satan commença à l'agiter comme d'ordinaire, il cherchait à mordre Jésus, et comme il ne pouvait l'atteindre, il lui donnait des coups dans le côté droit, de sorte que Jésus se mit à pleurer.

Et, en ce moment, Satan sortit de cet enfant, sous la forme d'un chien enragé. Et cet enfant fut Judas Iscariote, qui trahit Jésus , et le côté qu'il avait frappé fut celui que les Juifs percèrent d'un coup de lance.


CHAPITRE 36.

Lorsque le Seigneur Jésus eut accomplit sa septième année, il jouait un jour avec d'autres enfants de son âge et, en s'amusant, ils faisaient avec de la terre détrempée diverses images d'animaux, de loups, d'ânes, d'oiseaux, et chacun vantant son ouvrage, s'efforçait de l'élever au-dessus de celui de ses camarades.

Alors le Seigneur Jésus dit aux enfants: "J'ordonnerai aux figures que j'ai faites de se mettre à marcher." 

Et les enfants lui demandant s'il était le fils du Créateur, le Seigneur Jésus ordonna aux images de marcher et elles avançaient aussitôt.

Quand il leur commanda de revenir, elles revenaient. 

Il avait fait des images d'oiseaux et de passereaux qui volaient lorsqu'il leur enjoignait de voler et qui s'arrêtaient quand il leur disait de s'arrêter, et quand il leur présentait de la boisson et de la nourriture, elles mangeaient et buvaient.

Quand les enfants se furent retirés et qu'ils eurent raconté à leurs parents ce qu'ils avaient vu, ceux-ci leur dirent: "Evitez à l'avenir d'être avec lui, car c'est un enchanteur; fuyez-le donc dorénavant, et ne jouez plus avec lui."*


CHAPITRE 37.

Un certain jour le Seigneur Jésus jouant et courant avec les autres enfants passa devant la boutique d'un teinturier qui se nommait Salem; il y avait dans cette boutique des étoffes appartenant à grand nombre d'habitants de la ville et que Salem se préparait à teindre de diverses couleurs; Jésus étant entré dans cette boutique prit toutes ces étoffes et les jeta dans la chaudière.

Salem se retournant et voyant les étoffes perdues, se mit à pousser de grands cris et à réprimander Jésus, disant: "Qu'as-tu fait, ô fils de Marie? tu as fait tort à moi et à mes concitoyens; chacun demandait la couleur qui lui convenait, et toi tu es survenu, et tu as tout perdu."

Le Seigneur Jésus répondit: "De quelque pièce d'étoffe que tu veuilles changer la couleur, je la changerai."

Et aussitôt il se mit à retirer les étoffes de la chaudière et chacune était teinte de la couleur que désirait le teinturier.* 

Et les Juifs témoins de ce miracle, célébrèrent la puissance de Dieu.


*Ce miracle est connu des Persans, ainsi que nous rapprend un passage du Lexicon persicum d'Ange de la Brosse (Août, 1664, in fol.), au mot TINCTORIUS ARS: "Il est relaté dans un livre apocryphe des Perses, intitulé L’Enfance de Jésus-Christ, que le Sauveur a exercé le métier de teinturier, et qu'avec une seule teinture, il donnait aux étoffes diverses couleurs. C'est pourquoi, chez les Persans il est vénéré des teinturiers comme leur patron, et une maison de teinturier s'appelle la boutique du Christ."

D'autre part, on lit dans Kessaeus le passage suivant: Et Marie forma le projet de le remettre aux mains d'un maître qui lui apprendrait le métier qu'il savait exercer. Elle le conduisit donc à un teinturier, et elle lui dit: "Reçois cet enfant et instruis-le dans ta profession." Le teinturier l'accueillit et lui dit: "Quel est ton nom?" Et il répondit:  "Mon nom est Isa ibn Mariam (Jésus, Fils de Marie)." Et il lui dit: "O Isa, prends une cruche, et, après que tu auras été à la rivière la remplir d'eau, remplis tous ces réservoirs, et prends ces matières colorantes". Il lui fit ensuite l’énumération des teintures qu'il préparait dans les réservoirs et des couleurs dont il imprégnait les vêtements, et, l'ayant quitté, il se retira dans sa chambre. Jésus, venant aux réservoirs, les remplit d'eau, et il jeta dans un seul toutes les substances colorantes, et il jeta tous les habits dessus, et il s'en retourna auprès de sa mère". Le lendemain, le teinturier étant venu, et ayant vu ce qu'avait mit Jésus, il lui donna un soufflet, en lui disant: "O Isa, tu m'as perdu et tu as gâté tout ces vêtements." Isa lui dit: "Que cela ne te trouble point, mais dis-moi quelle est ta religion?" Et le teinturier répondit: "Je suis juif." Isa répliqua: "Dis: il n'y a point d'autre Dieu que ELOHIM, et Isa est l'envoyé de ELOHIM; étends la main et retire tous ces vêtements et chacun d'eux sera imprégné de la couleur que désirait le propriétaire." Le teinturier crut en Dieu et en Isa, et il rendit à chacun ses habits teints ainsi qu'il lui avait été prescrit, et il persista dans la foi d'Isa, sur lequel est paix et bénédiction.


CHAPITRE 38.

Joseph parcourait toute la ville, menant avec lui le Seigneur Jésus et on l'appelait pour confectionner des portes ou des cribles, ou des coffres, et le Seigneur Jésus était avec lui partout où il allait.

Et toutes les fois que l'ouvrage que faisait Joseph devait être plus long ou plus court, plus large ou plus étroit, le Seigneur Jésus étendait la main, et la chose se trouvait aussitôt telle que l'avait désiré Joseph, de sorte qu'il n'avait point besoin de rien achever de sa propre main, car il n'était pas fort habile dans ce métier de menuisier.


CHAPITRE 39.

Un jour, le roi de Jérusalem le fit appeler et lui dit: "Je veux, Joseph, que tu me fasses un trône d'après la dimension de l'endroit où j'ai coutume de m'asseoir."

Joseph obéit, et aussitôt mettant la main à l'œuvre, il passa deux ans dans le palais jusqu'à ce qu'il eût achevé de fabriquer ce trône. Et lorsqu'il fut placé à l'endroit où il devait être, l'on vit que de chaque côté il manquait deux spithames à la mesure fixée*.

Alors le roi se mit en colère contre Joseph, et Joseph, redoutant le courroux du monarque, ne put manger et se coucha à jeun.

Alors le Seigneur Jésus lui demandant quel était le motif de sa crainte, il répondit: "C'est que l'ouvrage auquel j'ai travaillé deux ans entiers est gâté."

Et le Seigneur Jésus lui répondit: "Reviens de ta frayeur et ne perds pas courage; prends ce côté du trône et moi l'autre, pour que nous l'amenions à une mesure exacte."

Et Joseph ayant fait ce que prescrivait le Seigneur Jésus et chacun tirant fortement de son côté, le trône obéit et eut exactement la dimension que l’on désirait. Les assistants, voyant ce miracle, furent frappés de stupeur et bénirent Dieu. 

Ce trône était fabriqué avec un bois qui existait dès le temps de Salomon, fils de David, et qui était remarquable par ses diverses formes et figures.

*Il y avait diverses sortes de spithames; la plus usitée de ces mesures correspondait à la moitié de la coudée grecque.


CHAPITRE 40.

Un autre jour, le Seigneur Jésus alla sur la place et voyant les enfants qui s'étaient réunis pour jouer, il se mêla à eux; l'ayant aperçu, ils se cachèrent et le Seigneur Jésus alla à la porte d'une maison et demanda à des femmes qui se tenaient debout à l'entrée où étaient les enfants.

Et comme elles répondirent qu'il n'y en avait aucun dans la maison, le Seigneur Jésus dit: "Qu'est-ce que vous voyez sous cette voûte?".

Elles répondirent que c'étaient des béliers âgés de trois ans et le Seigneur Jésus s'écria: "Sortez, béliers, et venez vers votre pasteur." 

Et aussitôt les enfants sortirent, ayant forme de béliers, et ils sautaient autour de lui, et ces femmes ayant vu cela, furent saisies d'effroi.

Et elles adoraient le Seigneur Jésus, disant: "O Jésus! fils de Marie, notre Seigneur, tu es vraiment le bon Pasteur d'Israël, aie pitié de tes servantes qui sont en ta présence et qui ne doutent pas, Seigneur, que tu ne sois venu pour guérir et non pour perdre."

Ensuite, le Seigneur Jésus ayant répondu que les enfants d'Israël étaient parmi les peuples comme des Éthiopiens, les femmes dirent: "Seigneur, tu connais toutes choses et rien ne t'est caché; nous te demandons et nous espérons en ta miséricorde que tu voudras bien rendre à ces enfants leur ancienne forme."

Et le Seigneur Jésus dit alors: "Venez, enfants, afin que nous allions jouer." 

Et aussitôt, en présence de ces femmes, ces béliers reprirent la figure d'enfants.


CHAPITRE 41.

Au mois d'Adar*, Jésus rassembla les enfants et les fit ranger comme étant leur roi; ils avaient étendu leurs vêtements par terre pour qu'il s'assoit dessus, et ils avaient posé sur sa tête une couronne de fleurs, et comme des satellites qui accompagnent un roi, ils s'étaient rangés à sa droite et à sa gauche. 

Si quelqu'un passait par là, les enfants l'arrêtaient de force et lui disaient: "Viens et adore le roi, afin que tu obtiennes un heureux voyage."

*Le mois d'Adar était le douzième de l’année hébraïque ; il correspondait partie au mois de février, partie à celui de mars,


CHAPITRE 42.

Sur ces entrefaits arrivèrent des hommes qui portaient un enfant sur une litière. 

Cet enfant avait été sur la montagne avec ses camarades pour chercher du bois, et, ayant trouvé un nid de perdrix, il y mit la main pour en retirer les œufs, et un serpent caché au milieu du nid le mordit, et il appela ses compagnons à son secours. 

Quand ils arrivèrent, ils le trouvèrent étendu par terre et comme mort.

Des gens de sa famille vinrent et l’emportèrent à la ville. Quand arrivèrent à l'endroit où le Seigneur Jésus trônait comme un roi, les autres enfants l'entouraient comme étant de sa cour, et ces enfants allèrent au-devant de ceux qui portaient le moribond et leur dirent: "Venez et saluez le roi."

Comme ils ne voulaient point approcher à cause du chagrin qu'ils éprouvaient, les enfants les amenaient de force. 

Et quand ils furent devant le Seigneur Jésus, il leur demanda pourquoi ils portaient cet enfant; ils répondirent qu'un serpent l'avait mordu, et le Seigneur Jésus dit aux enfants: "Allons ensemble et tuons ce serpent."

Les parents de l'enfant qui était sur le point de mourir prièrent les autres enfants de les laisser aller, ceux-ci répondirent: "N'avez-vous pas entendu ce que le roi a dit: "Allons et tuons le serpent, et ne devez-vous pas vous conformer à ses ordres?"

Et, malgré leur opposition, ils faisaient rebrousser chemin à la litière. Lorsqu'ils arrivérent proche du nid, le Seigneur Jésus dit aux enfants: "N'est-ce pas là que se cache le serpent?".

Et eux ayant répondu oui, le serpent appelé par le Seigneur Jésus, sortit aussitôt et se soumit à lui. 

Et le Seigneur lui dit: "Va et suce tout le poison que tu as répandu dans les veines de cet enfant."

Le serpent, rampant, reprit alors tout le poison qu'il avait répandu, et le Seigneur l'ayant maudit, il creva aussitôt après et il mourut. 

Et le Seigneur Jésus toucha l'enfant de sa main, et il fut guéri.

Et comme il se mettait à pleurer, le Seigneur Jésus lui dit: "Cesse tes pleurs, tu seras mon disciple".

Et cet enfant fut Simon le Cananéen dont il est fait mention dans l'Évangile.


CHAPITRE 43.

Un autre jour Joseph envoya son fils Jacques pour ramasser du bois, et le Seigneur Jésus s'était joint à lui comme son compagnon, et quand arrivèrent à l'endroit où était le bois et que Jacques se mis à en ramasser, voici qu'une vipère le mordit, et il commença à crier et à pleurer. 

Le Seigneur Jésus le voyant dans cet état, s'approcha de lui et il souffla sur l'endroit où il avait été mordu, et Jacques fut guéri sur-le-champ.


CHAPITRE 44.

Un jour, le Seigneur Jésus était avec des enfants qui jouaient sur un toit, et l'un de ces enfants vint à se laisser tomber et il mourut sur le coup.

Les autres enfants s'enfuirent et le Seigneur Jésus demeura seul sur le toit, et les parents du mort étant arrivés, ils dirent au Seigneur Jésus: "C'est toi qui as précipité notre fils du haut du toit." 

Et comme il le niait, ils répétèrent encore plus fort: "Notre fils est mort et voici celui qui l'a tué."

Et le Seigneur Jésus répondit: "Ne m'accusez pas d'un crime dont vous ne pouvez apporter aucune preuve; mais demandons à cet enfant lui-même qu'il mette la vérité au grand jour."

Et le Seigneur Jésus descendit et se plaça près de la tête du mort et dit à haute voix: "Zenin, Zenin, qui est-ce qui t'a précipité du haut du toit?"

Et le mort répondit: "Seigneur, ce n'est pas toi qui as été la cause de ma chute, mais c'est quelqu'un qui m'a fait tomber."

Et le Seigneur ayant recommandé aux assistants de faire attention à ces paroles, tous ceux qui étaient présents louèrent Dieu de ce miracle.


CHAPITRE 45.

Un jour, Marie commanda au Seigneur Jésus d'aller lui chercher de l'eau à un puits. Et lorsqu'il se fut acquitté de cette tâche, la cruche déjà pleine qu'il élevait se brisa. 

Et le Seigneur Jésus ayant étendu son manteau, porta à sa mère l'eau qu'il y avait recueillie, et elle fut frappée d'admiration, et elle gardait dans son cœur tout ce qu'elle voyait.


CHAPITRE 46.

Un autre jour, le Seigneur Jésus jouait sur le bord de l'eau avec d'autres enfants, et ils avaient creusé des rigoles pour faire couler l'eau, formant ainsi des petits bassins, et le Seigneur Jésus fit avec de la terre douze petits oiseaux et les avait placés autour de son bassin, trois de chaque côté.

C'était un jour de sabbat, et le fils d'Hanon, le juif, survenant et les voyant ainsi occupés, leur dit: "Comment pouvez-vous un jour de sabbat, faire des figures avec de la boue".

Et il se mit à détruire leurs bassins. Et le Seigneur Jésus ayant étendu les mains sur les oiseaux qu'il avait faits, ils s'envolèrent en gazouillant.

Ensuite lorsque le fils d'Hanon, le juif, s'approcha du bassin qu'avait creusé Jésus, afin de le détruire, l'eau disparut et le Seigneur Jésus lui dit: "Tu vois comme cette eau est séchée; il en sera de même de ta vie."

Et aussitôt l'enfant se dessécha.


CHAPITRE 47.

Un autre jour, comme le Seigneur Jésus rentrait le soir au bois avec Joseph, un enfant courant au devant de lui, le choqua avec violence, et le Seigneur Jésus fut presque renversé, et il dit à cet enfant: "Ainsi que tu m'as poussé, tombe et ne te relève pas." 

Et à l'instant, l'enfant chuta par terre et il expira.

  • Matthieu 21:19 “Voyant un figuier sur le chemin, il s'en approcha; mais il n'y trouva que des feuilles, et il lui dit: Que jamais fruit ne naisse de toi! Et à l'instant le figuier sécha.”


CHAPITRE 48.

Il y avait à Jérusalem un homme, nommé Zachée, qui instruisait la jeunesse.

Et il disait à Joseph: "Pourquoi, Joseph, ne m'envoies-tu pas Jésus afin qu'il apprenne les lettres?" Joseph voulait se conformer à cet avis, et il en convint avec Marie.

Ils amenèrent donc l'enfant vers le maître, et, aussitôt que celui-ci le vit, il écrivit un alphabet et lui dit de prononcer Aleph. Et quand il l'eut fait, il lui demanda de dire Beth.

Le Seigneur Jésus lui dit: "Dis-moi d'abord quelle est la signification de la lettre Aleph, et alors je prononcerai Beth."

Et le maître se disposait à le frapper, mais le Seigneur Jésus se mit à lui expliquer la signification des lettres Aleph et Beth, quelles sont les lettres dont la forme est droite, celles dont elle est oblique, quelles sont celles qui sont doubles, celles qui sont accompagnées de points et celles qui en manquent, et pourquoi telle lettre en précède une autre et il dit beaucoup de choses que le maître n'avait jamais entendues et qu'il n'avait lues en aucun livre.

Et le Seigneur Jésus dit au maître: "Fais attention à ce que je vais te dire."

Et il se mit à réciter clairement et distinctement Aleph, Beth, Gimel, Daleth, jusqu'à la fin de l'alphabet. 

Le maître en fut dans l'admiration, et il dit: "Je crois que cet enfant est né avant Noé" et, se tournant vers Joseph, il ajouta: "Tu m'as conduit, pour que j'instruise, un enfant qui en sait plus que tous les docteurs."

Et il dit à Marie: "Ton fils n'a nul besoin de notre enseignement."


CHAPITRE 49.

Ils le conduisirent ensuite à un maître plus savant, et aussitôt qu'il l'eut aperçu, il lui demanda: "Dis Aleph".

Et lorsqu'il eut dit Aleph, le maître lui prescrivit de prononcer Beth.

Et le Seigneur Jésus lui répondit: "Dis-moi la signification de la lettre Aleph, et alors je prononcerai Beth." 

Le maître irrité leva la main pour le frapper, et aussitôt sa main se dessécha et il mourut.

Alors Joseph dit à Marie: "Dorénavant il ne faudra plus laisser l'enfant sortir de la maison, car quiconque s'oppose à lui, est frappé de mort."


CHAPITRE 50.

Lorsqu'il eut atteint l'âge de douze ans, ils le conduisirent à Jérusalem à l'époque de la fête, et la fête étant finie, ils s'en retournèrent, mais le Seigneur Jésus resta dans le temple, parmi les docteurs et les vieillards et les savants des fils d'Israël, qu'il interrogeait sur différents points de la science, et, à son tour, il leur répondait, et il leur demanda: "De qui le Messie est-il fils?"

Et ils répondirent: "Il est le fils de David."

Jésus répondit: "Pourquoi donc David, touché par l'Esprit-Saint, l’appelle-t-il son Seigneur, lorsqu'il dit: — Le Seigneur a dit à mon Seigneur: Assieds-toi à ma droite pour que je mette tes ennemis sous tes pieds."

Alors un des chefs des docteurs l'interrogea, disant: "As-tu lu les livres Saints?"

Le Seigneur Jésus répondit: "J'ai lu les livres et ce qu'ils contiennent", et il leur expliquait l'écriture, la loi, les préceptes, les statuts, les mystères qui sont contenus dans les livres des prophéties, chose que l'intelligence de nulle créature ne peut comprendre.

Et ce chef des docteurs dit: "Je n'ai jamais vu ni entendu une pareille instruction; qui pensez-vous que cet enfant puisse être?"


CHAPITRE 51.

Il se trouva là un philosophe savant dans l'astronomie, et il demanda au Seigneur Jésus, s'il avait étudié la science des astres. 

Et Jésus lui répondant exposait le nombre des sphères et des corps célestes, leur nature et leurs oppositions, leur aspect trine, quadrat et sextile, leur progression et leur mouvement rétrograde, le comput et la prognostication et autres choses que la raison d'aucun homme n'a scrutées.


CHAPITRE 52.

Il y avait aussi parmi eux un philosophe très savant en médecine et dans les sciences naturelles, et lorsqu'il demanda au Seigneur Jésus s'il avait étudié la médecine, celui-ci lui exposa la physique, la métaphysique, l'hyperphysique et l'hypophysique, les vertus du corps et les humeurs et leurs effets, le nombre des membres et des os, des urines, des artères et des nerfs, les divers tempéraments, chaud et sec, froid et humide, et quels sont leurs résultats; quelles sont les opérations de l'âme dans le corps, ses sensations et ses vertus, les facultés de la parole, de la colère, du désir, la congrégation et la dispersion et d'autres choses que l'intelligence d'aucune créature n'a pu saisir.

Alors ce philosophe se leva et il adora le Seigneur Jésus en disant: "Seigneur, désormais je serai ton disciple et ton serviteur."


CHAPITRE 53.

Et tandis qu'ils parlaient ainsi, Marie survint avec Joseph, et depuis trois jours elle cherchait Jésus; le voyant assis parmi lés docteurs, les interrogeant et leur répondant alternativement, elle lui dit: "Mon fils, pourquoi en as-tu ainsi agi à notre égard? ton père et moi nous t'avons cherché, nous donnant beaucoup de peine."

Il répondit: "Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu'il convenait que je demeurasse dans la maison de mon père?".

Mais ils ne comprenaient pas les paroles qu'il leur adressait.

Alors les docteurs demandèrent à Marie s'il était son fils, et, elle ayant répondu que oui, ils s'écrièrent: "O heureuse Marie, qui as enfanté un tel enfant".

Il revint avec eux à Nazareth, et il leur était soumis en toutes choses. 

Et sa mère conservait toutes ces paroles dans son cœur. 

Et le Seigneur Jésus grandissait en taille, en sagesse et en grâce devant Dieu et devant les hommes.


CHAPITRE 54.

Il commença dès ce jour à cacher ses miracles, ses secrets et ses mystères, jusqu'à ce qu'il eut accompli sa trentième année, lorsque son père révéla publiquement sa mission aux bords du Jourdain, une voix venue du ciel ayant fait entendre ces mots: "C'est mon fils bien-aimé dans lequel j'ai mis toute ma complaisance", et le Saint-Esprit ayant apparu sous la forme d'une colombe blanche,


CHAPITRE 55.

C'est lui que nous adorons humblement, car il nous a donné l'existence et la vie, et il nous a fait sortir des entrailles de nos mères; il a pris pour nous le corps de l'homme, et il nous a rachetés, nous couvrant de sa miséricorde éternelle, et nous accordant sa grâce par son amour pour nous et par sa bonté.

A lui la gloire, puissance, louange et domination dans les siècles éternels. Ainsi soit-il.


Fin de l'Évangile de l'Enfance tout entier, avec l'assistance du Dieu suprême, suivant ce que nous trouvons.


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